Histoire

Les Seigneurs d’Aubigny

S’il est un fait que les seigneurs du lieu s’appelaient Seigneurs d’Aubigny, leur histoire est assez difficile à retracer en raison de leur émigration vers l’Angleterre.

Le premier personnage dont on peut parler avec certitude est Guillaume d’Aubigny. il serait né vers le début du 11ème siècle. En 1047, il se joint aux rebelles qui combattent Guillaume le Bâtard. Ce dernier, fils du défunt duc de Normandie Robert le Magnifique, se bat pour récupérer son duché.

Guillaume d’Aubigny est fait prisonnier et enfermé dans les geôles du bâtard à Rouen. il y mourra quelques mois plus tard.

Le domaine d’Aubigny revient à Robert, son fils ainé.

Lorsque Guillaume, duc de Normandie, envisage une expédition en Angleterre pour y récupérer la couronne, Robert et Néel, son frère, s’engagent dans le combat aux côtés de Guillaume. Le combat a lieu le 14 octobre 1066 à Hasting. Les Normands remportent la victoire et Guillaume le Bâtard devient Guillaume le Conquérant. Le 25 décembre 1066 il ajoute à son titre de duc de Normandie, celui de Roi d’Angleterre.

Après le couronnement, Robert d’Aubigny retourne sur ses terres normandes. Il édifie les premiers éléments du nouveau château Mary, démarre le chantier de l’ église et fonde le prieuré de Marchésieux.

A sa mort, en 1086, c’est son fils ainé Guillaume II qui devient seigneur d’Aubigny. Voyageur, il se rend couramment sur ses terres anglaises. Sa fidélité au roi d’Angleterre a pour résultat d’augmenter ses possessions outre Manche, particulièrement dans le comté de Norfolk, où il possède entre autres la seigneurie de Buckenham, à charge de faire le service de grand bouteiller (maréchal héréditaire) au couronnement des rois d’ Angleterre.

Guillaume II fonde le prieuré de Wymondham en 1107. il y sera inhumé en 1139.

La lignée des seigneurs d’Aubigny continuera par : Guillaume III d’ Aubigny : en 1138, il épouse la reine Adelize, veuve du roi d’Angleterre Henri 1er et entre en possession du célèbre château d’Arundel, ce qui lui offre le titre de comte d’Arundel, duc de Norfolk. Guillaume IV d’Aubigny : le roi Richard Coeur de Lion lui confie la garde du château de Windsor. Guillaume IV s’est intéressé à Aubigny et notamment à son église. Il meurt en 1193 et est inhumé à Wymondham sur ses terres anglaises.

Guillaume V d’Aubigny : il soutient Jean Sans Terre dans ses démélées avec le roi de France Philippe Auguste. En punition, le roi de France confisque les propriétés françaises de Guillaume. En 1204, c’est toute la Normandie qui est rattachée à la couronne française. Guillaume V meurt en Italie en 1221 et ses restes seront transférés à Wymondham.

Guillaume VI d’Aubigny : meurt en 1224.

Hugues d’Aubigny : célibataire, meurt en 1243 ; il est inhumé également à Wymondham. Ses propriétés seront divisées et John Fitzalan hérita du château et du titre d’Arundel par sa mère Isabelle d’ Aubigny. Depuis lors le château d’ Arundel est la propriété des ducs de Norlfolk.

Les templiers de Saint Martin d’Aubigny

D’après Demons “les biens de ce prieuré (des templiers) furent donnés en partie à la Sainte-Chapelle lors de la suppression des religieux Templiers. L’église actuelle d’ Aubigny, dédiée à Saint-Martin, a été bâtie des débris de l’ancienne église, on en a fait une nef qu’on a ajouté au choeur de l’église bâtie par les templiers. La maison d’ Aubigny relevait de celle de Picauville.

Dans son “histoire des évêques de Coutances”, l’abbé Lecanu fournit des indications analogues. Dans l’annuaire de la Manche de 1837, Renault fournit des précisions : “… les templiers ont une commanderie dans la paroisse d’ Aubigny ; car le roi, lors de la suppression de cet ordre, dût donner une partie de leurs biens dans cette paroisse à la sainte chapelle et se réserver le surplus comme indemnité des dépenses qui avaient été faites pour obtenir la suppression de l’ordre…”.

Il signale aussi que la famille d’ Aubigny ne donna pas seulement aux abbayes, “… elle se montra aussi généreuse envers les templiers, pour lesquels elle manifesta une prédilection spéciale…”.

La Sergenterie d’ Aubigny

Un acte de mouvance de 1664/1774 donne la Sergenterie noble d’Aubigny comme faisant partie du domaine non fièfé de Saint Sauveur Lendelin. Un inventaire des sergenteries dressé au milieu du 18ème siècle, attribue à la sergenterie d’Aubigny 5 paroisses : Marchésieux, Feugères, Saint-Aubin de la Pierre, Aubigny, Saint-Christophe. Ces 5 paroisses regroupant 611 feux.

Le moulin d’Aubigny

Sur le territoire de la commune s’écoule tranquillement la rivière La Taute qui comptait 12 moulins sur sa longueur. Celui de saint Martin s’appelait Moulin de Manne. Vers 1912, le dernier meunier vendit ce site à monsieur Texier qui construisit la maison qu’on y voit actuellement, et installa deux turbines pour la production d’électricité. Il avait l’intention d’alimenter la briqueterie, dont il était propriétaire de l’autre côté de la rivière, en courant électrique. mais la guerre 14/18 mit fin à son projet.

Les Marais d’Aubigny

Saint Martin d’Aubigny est situé dans la zone du Parc Naturel Régional des Marais et du Bessin. La commune possède toujours des biens communaux dans les marais. Dans l’ancien temps, chaque habitant de la commune avait un droit de marais pour mettre des animaux à paître pendant une certaine période de l’année. Certaines communes du Parc des Marais fonctionnent toujours de cette façon, et l’on peut assister au printemps à “la mise aux marais” traditionnelle avec marquage de centaines de bêtes qui sont surveillées par un gardien.

Le télégraphe Chappe d’Aubigny

chappe

Sur les hauteurs de la commune, une tour ronde a été érigée et surmontée du système à signaux conçu par Claude Chappe, inventeur du télégraphe qui porte son nom. Cette borne se trouvait sur la ligne télégraphique

Cherbourg/Avranches créée en 1835. Le hameau où se trouvait cette tour porte toujours le nom de “Le Télégraphe”.